Jean DL et Sandrine Verstreate se sont trouvés alors que chacun poursuivait son exploration solitaire, de la guitare, pour l'un, de la poésie, pour l'autre. La rencontre doit aussi à leur intérêt respectif pour le cinéma d'expérimentation et les univers sombres de l'introspection mélancolique. S'ils se sont trouvés pour bien d'autres raisons également, qui font d'eux non pas un duo mais un couple, il ressort principalement de leur univers commun une sensibilité partagée pour les perspectives opaques et une certaine claustrophilie : leur musique vient du dedans, introspective, mais à l'écoute elle environne et enferme l'auditeur dans une situation de trouble ou d'angoisse qui sera vécue comme inquiétante pour les uns, rassurante car exutoire ou contemplative pour les autres. Car pour qui sait l'apprécier simplement, cette musique appelle l'embellie, elle ouvre à des horizons, des perspectives dégagées, l’apaisement du silence au bout des choses. Mais avant cela, il faut éprouver la noirceur discordante d'une guitare réverbérée, lointaine ou immédiate, proche, claire ou distordue, et le malaise des mots. Un climat désolé, une déconstruction comme condition au paysage dépeint. C'est une investigation guitaristique, bruitiste et poétique, minimaliste parfois, où le plus souvent la voix se tait. Des images, à l'occasion, se joignent à l'atmosphère strictement sonore : des films, dont l'univers n'est pas moins sombre. Leur musique donne l'impression d'être la trace ou l'expression d'une nuit, urbaine et anxieuse, mélancolique, éprouvée jusqu'à l'aube, sans sommeil, dont la seule alternative serait la fuite, une respiration silencieuse. |